Les recluses du cimetière des Innocents

Paris, au Moyen-Âge.
Qui n’a pas foulé les pavés de l’incontournable et immense place Joachim du Bellay, ornée de sa fontaine centrale et située aux Halles entre le forum et la rue Saint-Denis ?
Mais saviez-vous qu’au Moyen-Âge, à cet emplacement précis, se trouvait le plus grand cimetière parisien ? Il s’agissait du cimetière des Innocents (ou Saints-Innocents), qui tenait son nom de la petite église qui le jouxtait.
A l’époque, le cimetière était un véritable lieu de vie : le jour, les marchands y faisaient commerce, et la nuit tombée, les amoureux s’y retrouvaient pour une soirée romantique. Mais attention, le lieu n’avait pas toujours bonne réputation, car c’était aussi le repère des brigands, voleurs et filles de joie.

Mais aujourd’hui, nous nous attarderons sur un personnage en particulier, qui peuplait ce cimetière : la recluse.
Le cimetière des Innocents comptait deux reclusoirs, sortes de minuscules tours où il était à peine possible de s’allonger. Ces petites cellules abritaient des femmes qui venaient s’y enfermer jusqu’à la fin de leur vie, souvent pour faire pénitence, ou par simple dévotion. Leur unique mission était de prier. Prier pour la ville et ses habitants. En échange de quoi les Parisiens leur apportaient à boire et à manger. Les loges possédaient deux très fines ouvertures : l’une donnait sur l’église, afin de pouvoir suivre l’office. L’autre était tournée vers le cimetière, permettant de recevoir les victuailles apportées par les paroissiens charitables.
Parmi ces femmes, la plus célèbre est sans doute Alix la Bourgotte, une religieuse qui manifesta un vif désir de se cloîtrer. Elle y mourut en 1466, après elle 46 longues années d’emmurement. 46 ANS !😱
La pratique des reclusoirs a fini par disparaître au cours du XVIe siècle.
En pleine période de confinement, cette histoire tombe à point nommé. Finalement, on n’est pas si mal à la maison…

Une anecdote à retrouver lors de la visite au cœur des légendes du Paris maudit, en compagnie de Guillaume.